BigFlo & Oli, 2019
BigFlo & Oli, 2019
Images extraites du documentaire de Rachid Oujdi « J’ai marché jusqu’à vous, récits d’une jeunesse exilée » qui raconte la situation des mineurs isolés à Marseille
Différents collectifs s’efforcent de proposer des repas, des kit d’hygiène, des vêtements, de mettre les jeunes à la rue en contact avec des hébergeurs solidaires, de les accompagner pour leurs rendez-vous administratifs ou médicaux ainsi que pour leur scolarisation, d’organiser des cours de français et autres activités pour les jeunes qui sont aussi déseouvrés qu’isolés → liste de collectifs
EVA – Enfants Venus d’AilleursEVA (Enfants Venus d’Ailleurs) a été créée par des soutiens parisiens des mineurs isolés étrangers (MIE), dont certains sont impliqués sur le terrain depuis des années, notamment sur les campements de rue. Ces personnes solidaires sont juristes, enseignants, professionnels de santé, travailleurs sociaux, artistes…
EVA accompagne les mineurs et jeunes majeurs étrangers sans famille en France, que ces jeunes soient demandeurs d’asile, réfugiés ou migrants dits économiques. Ces adolescents sont venus du Soudan, de Côte d’Ivoire, de Guinée, d’Afghanistan, du Pakistan, du Mali, d’Érythrée, entre autres pays, fuyant la guerre, les massacres, les dictatures, la misère.
Parce que nous considérons ces ados venus de loin dans leur entièreté, l’association EVA a développé 6 pôles d’activités :
Nous sommes l’une des 10 premières puissances économiques mondiales, et à Paris, Nantes, Rouen, Marseille, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Lyon – j’en passe – des centaines d’ados sont laissés dans nos rues, livrés à eux-mêmes, sans hébergement, sans nourriture, sans repères.
En France, la loi exige qu’un mineur présent sur le territoire soit pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), dès lors qu’il est privé de protection familiale. Les jeunes étrangers sont donc évalués afin de déterminer s’ils sont à la fois mineurs et isolés.
La réalité que l’on voit lorsque l’on parle à ces jeunes et dont témoignent tous les collectifs et autres associations qui accueillent les jeunes à la sortie des ces évaluations, c’est


Comment ?
Ca ne vous semble pas très raccord avec l’arrêté du 17 novembre 2016 pris en application du décret n° 2016-840 du 24 juin 2016 relatif aux modalités de l’évaluation des mineurs privés temporairement ou définitivement de la protection de leur famille ?
Rooo, franchement, vous chipotez là !… non ?
Alors certes, ces dernières années, les mineurs non accompagnés – MNA (l’ancienne appellation officielle était mineurs isolés étranger – MIE) sont plus nombreux à arriver en France. En une douzaine d’années, on est passé de quelques milliers, à quelques dizaines de milliers.
Et oui, pour les services concernés, c’est un changement massif : personne ne peut s’occuper de 150 jeunes comme il.elle s’occupait de 15. C’est vrai. Mais bon, en plus de 10 ans, est-ce qu’un pays comme la France ne devrait pas être capable de s’organiser pour prendre dignement en charge ces jeunes ???
13'55
— Migrants discussions (@Migrants_discus) October 29, 2018
"La convention des droits de l'enfant, elle est pas appliquée.
Tout enfant sur le territoire [français] à droit à l'éducation à la santé. C'est pas appliqué.
C'est pas demander un privilège que de demander que nos lois soient appliquées"
Et puis attendez, c’est pas tout ! Il faut aussi parler de la violence symbolique de ce bazar ! Commençons par celle que subissent les salariés des associations (Croix Rouge, France Terre d’Asile, …) qui réalisent ces évaluations, et tous les jours, doivent mettre des jeunes à la rue ! J’ai comme idée que lorsqu’on s’engage avec la Croix-Rouge, jeter des ados à la rue, ce n’est pas précisément l’idée qu’on s’était faite du job ! Or certains responsables de conseils départementaux disent : « J’ai dix places, on aura dix personnes reconnues comme MNA. » ** Vous le feriez, vous, l’entretien d’évaluation dont vous savez d’avance qu’il devra résulter en un refus, quel que soit ce que vous pensez de la minorité du jeune en face de vous ??? Ces travailleurs sociaux doivent non seulement renoncer à protéger des personnes vulnérables, ce qui, à un moment donné a quand même bien du faire partie de leur motivation professionnelle, et du même coup, ils se retrouvent à passer leur journée à faire un travail absolument inutile, insignifiant. Pour le moral, l’estime de soi, tout ça, c’est coton !
En tous cas, le résultat, c’est qu’en plus de la violence de se retrouver seul sur le trottoir, sans accompagnement pour entreprendre un recours, sans hébergement, sans nourriture, rien, les « évaluations » elle-mêmes sont d’une violence symbolique inouïes pour les jeunes qui les subissent. Ils arrivent ici plein de leurs rêves d’une France protectrice où ils espèrent que le cauchemar de leur parcours va enfin prendre fin et ce qu’ils se prennent dans la tronche, c’est défiance et suspicion à tous les étages. Quand ce n’est pas carrément des accusations de mensonge aussi explicites qu’infondées – là, dans mes tripes, je vois le regard de I, lorsqu’après m’avoir raconté comment on lui a directement refusé l’entretien d’évaluation sur un « toi, je t’ai déjà vu ! », il me dit « mais je viens d’arriver ! ce n’était pas moi ! » . Ce besoin que quelqu’un le croit, et cette incompréhension presque enfantine qu’on puisse l’accuser de tricher, alors que lui sait bien que ce n’est pas le cas…
Vous leur répondriez quoi, vous, quand ils demandent, et de façon répétée, comme lorsque l’on cherche à résoudre un conflit intérieur : « Tu racontes ton histoire, ta propre histoire que tu a vécue au cours de la route et ils te disent que tu mens. Tu vas raconter quoi maintenant ? Le mensonge ? Si tu dis la vérité, on te dis tu mens. Donc tu vas faire quoi ? Je leur ai dit que j’ai lavé des bols [fais la plonge] en Algérie, pour gagner un peu d’argent. Et ils me disent que je ne suis pas mineur parce que j’ai travaillé. Alors quoi ? Je dois mentir maintenant ? Je dois créer une autre histoire ? ».
Quelle société sommes nous, quel avenir sommes-nous en train de créer, non seulement en ne donnant pas à ces jeunes le cadre minimal auquel ils ont droit pour pouvoir construire leur vie, mais par dessus le marché, en brouillant leurs repères, en trahissant la confiance qu’ils ont dans notre société et dans une parole sincère ???
Je me joins à Agathe et tant d’autres, pour en appeler au gouvernement et à la Mairie de Paris. Légalement (cf l’arrêté mache-pro-truc sus-mentionné en son article 8), c’est en effet le.a président.e du conseil départemental qui est responsable de la décision de protection (Paris étant également département, la maire est aussi présidente du conseil départemental). Et les départements se crêpent le chignon avec l’Etat pour définir qui finance combien… Evidemment, ce n’est pas simple, et suivant les départements, la volonté politique est plus ou moins disons… motivée. En ce qui concerne le gouvernement, je vous laisse juge … mais sérieusement, la France a signé la convention des droits de l’enfant et DES ADOS DORMENT DANS LES RUES !!! Vous croyez pas qu’on, je veux dire nous la France, nous citoyens français, chacun à son niveau, vous croyez pas qu’on devrait faire quelque chose, là ???
J’ajoute aux destinataires de cet appel, les associations qui ont délégation (et donc financement) des départements pour réaliser les évaluations. Pour Paris, il s’agit de la Croix-Rouge et elle risque de ne bientôt plus pouvoir se cacher derrière le prestige de son nom, pour masquer la réalité de la situation (plusieurs associations de bénévoles qui récupèrent les jeunes à la sorties des évaluations ont appelées à manifester vendredi 23 nov 2018, devant son siège). S’il vous plait, vous qui travaillez dans les bureau d’évaluation, dites non aux conditions insensées dans lesquelles on vous demande de réaliser votre travail ! Et vous qui êtes responsable, à la Croix-Rouge, à France Terre d’Asile, (autre ?), please, commencez par reconnaître l’état des choses, au lieu de vous draper dans un déni ou un silence qui ne masqueront jamais la réalité : des ados dorment dans les rues des grandes villes française, parce qu’on … nous, la France les accuse à tord de mensonge…
Jésuite Réfugies Service organise des activités pour les jeunes :
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Distribution de vêtements Free clothes